Un Souper à Grosmont

Un dimanche orageux, M. LeMoyne-Allaire reçoit des invités dans sa demeure à Grosmont pour un souper peu ordinaire.

Après les amuse-gueules, les cailles farcies et le rôti porc farci de truffes noires, M. LeMoyne-Allaire présente ses excuses et se lève de table: "Je vous prie de m'excuser quelques instants. J'aimerais vous faire une annonce importante. Mais tout d'abord, je dois aller chercher quelque chose".

La maison est vide sauf la salle à manger.

À la table se trouvent de remarquables invités:

La Professeure Violette, sommité mondiale sur les comportements sexuels déviants chez la papillons bleus d'amazonie. Ses habits sont plutôt originaux, le dernier cri de la mode dit-on: un trench-coat en cuir, des petites lunettes rondes et fumées et un maquillage mauve foncé aux yeux et à la bouche. Elles est connue pour ses goûts excentriques.

Monsieur Le Paon est habillé en tweed anglais et fume un tabac aromatisé aux cerises dans sa pipe. Il collectionne les livres à caractère policier. Descendant d'une famille riche, et vraisemblablement libéré de contraintes monétaires, il s'adonne alors à ses passions, voyage à travers le monde et rédige un oeuvre bouleversante, du moins selon ses dires.

Le Colonel Maille, un fervent croyant catholique est un important fabriquant d'armes, de mines de toutes sortes ainsi que de moutardes diverses. Il vient de faire fortune depuis la guerre en Irak et en Afghanistan. Il parle peu et se râcle souvent la gorge.

Mme Scarlette est fameuse pour son rôle principal dans le film muet Le Cri, unique film dans lequel elle a joué. Elle est habillée d'une robe de soirée noire et fume une cigarette dans un porte-cigarette avec la plus parfaite désinvolture.

M. Olivier est habillé en smoking bleu et fume le cigare. Il a fait fortune dans la construction de routes mais surtout les réparation de nids-de-poules. Il se montre très bavard et un peu maladroit avec les couverts.

Ils parlent de choses et d'autres pendant que Blanche dessert la table.

Blanche est une domestique dévouée. Elle se montre efficace. Habillée de noir et de blanc, elle navigue d'une démarche nerveuse entre la salle à manger et la cuisine. Le cuisinier devant s'absenter, elle assume seule le service.


Mot du Maître (Hors Jeu)

Bonjour à tous! Pour cette première partie, je vais me permettre de mettre des instructions directement dans mes interventions de narrateur. La brève présentation des personnages a pour but de vous situer.

Un petit rappel: vous incarnez chacun un personnage différent. Vous avez donc la liberté des gestes et de paroles.

Vous pouvez aussi prendre le ton du narrateur, mais uniquement pour décrire les faits et gestes de votre personnage.

Comme personne n'a le don de télépathie, évitez de décrire les pensées secrètes. Utilisez plutôt des hésitations, des lapsus ou des comportements observables par exemple.

Vous avez ici la liberté d'inventer votre passé et vos activités courantes à votre guise.

Vous avez donc bien tous mangé (y compris la bonne) et un digestif devrait être bientôt servi avant le dessert.

Prenez-donc le temps de discuter un peu.

Je vous demande à tous d'éventuellement sortir de la salle pour quelques minutes. Libre à vous de trouver les raisons.

Si vous avez des questions, vous pouvez mes les poser en MP

À vous de jouer!

Dites-moi Colonel!? Les affaires doivent être bonnes par les temps qui courent? Je ne parle pas de vos moutardes... d'ailleurs, je les ai vues à côté des vinaigrettes de notre regretté Paul Newman. C'est par vos mines antipersonnelles ou par vos moutardes que vous avez fait la connaissance de Lemoyne-Allaire?

Et vous Scarlette? Éblouissante dans votre dernier et premier rôle au cinéma!!! Mais pourquoi diable êtes-vous donc au chômage avec de pareils attributs??? Lemoyne-Allaire a sûrement quelques contacts pour vous pistonner non?

Quant à cette bonne, un véritable personnage de roman policier! Quel est donc votre nom déjà ma petite? Pour peu je vous mets un tuyau de plomb dans la main et nous sommes prêts pour jouer au jeu Clue! Ahahaha!

Quel humour M. Le Paon, pour un peu et je serais "morte" de rire.

Et depuis quand un homme de votre statut social s'intéresse à une petite boniche comme moi??

Mais bon comme je suis bien élevée et également pour satisfaire votre plaisir je me prénomme Blanche.

Chère Violette, comment est venu votre passion pour les papillons bleus? Vous savez, j’adore tout ce qui est bleu.

Grâce à vous Colonel, je pense bien partir une franchise en Irak, avec tous les nids-de-poules qui doit avoir été fait avec vos mines, je ferais des affaires en or après la guerre.

Mlle Blanche, est-ce possible d’avoir d’autres ustensiles avant le dessert? Je crois que j’en ai fait tomber par terre!! En passant, le repas était succulent.

Qui veut un cigare avant l’appéro?

Monsieur Le Paon a dit: Et vous Scarlette? Éblouissante dans votre dernier et premier rôle au cinéma!!! Mais pourquoi diable êtes-vous donc au chômage avec de pareils attributs??? Lemoyne-Allaire a sûrement quelques contacts pour vous pistonner non?

Merci de vous intéressé de si près à ma carrière Monsieur Le Paon ! je pense qu'il n'est point de vos affaires de savoir le pourquoi et le comment de ce qui se passe avec moi ! vous m'en verrez réjouite la journée ou vous allez une fois pour toute vous mêler de ce qui vous regarde ! Et cette insinuation avec Lemoyne-Allaire ... il est très déplacé .. surtout venant de vous cher !

Mais dites moi donc M. Olivier, vous n'avez pas appris les bonnes manières ? on ne joue pas avec sa nourriture, et encore moins avec ses ustensiles ! Jouer de la batterie avec son couteau et sa fourchette c'est quelques peu enfantin ! à moins que vous soyez nerveux pour quelques chose d'autre et que vous essayer d'envoyer votre attention ailleurs ?

Blanche ... chère Blanche ... je me demande si vous êtes vraiment Blanche, chaste et pur comme votre nom le laisse planer. Il me semble que vous en auriez long à nous raconter sur ce qu'est un fantasme sexuel vous !

Avec plaisir Monsieur Olivier mais pourrais-je savoir où sont disparus vos ustensiles dont vous mentionnez avoir laissé tomber car je ne les vois pas du tout sous la table, ni nulle part en fait, humm ça me paraît très étrange!!!

Madame Starlette je vous trouve quelque peu arrogante avec moi, peut-être devriez-vous cesser de fumer, ça vous rend un tantinet agressive et pourquoi voulez-vous savoir mes fantasmes, êtes-vous à écrire mes mémoires pour que vous puissiez enfin être reconnue à l'écran comme une actrice renommée?

Mais pour vous répondre si je vous disais que j'ai fait voeu de chasteté vous oseriez me croire?

Si c'est à moi que vous vous adressez Blanche je vous prierais d'utiliser mon nom comme il se doit: Scarlette ... j'ai eu assez de peine à me créer ce nom et cette réputation que je vous en prierais de bien l'écrire et le dire !

Ma chère Scarlette la starlette, rassurez-vous très chère, je ne suis qu'un vieux collectionneur de romans policiers sans envergure, tout ce qu'il a de plus ennuyeux pour une femme du gratin et gratinée comme vous!

Blanchhhhhhhhhhhhhhhe... ahhhhh...... B-l-a-n-c-h-e........... quel merveilleux prénom, si doux, suave et affriolant, si pur, si chatte oups pardon!, chaste. Vous m'inspirez grandement pour un personnage de mon prochain roman: une gouvernante vierge et meurtrière! Avec ce sourire si doux lorsque ses victimes fermaient les yeux pour la dernière fois.... ahhhhhhhhh.....

Monsieur Olivier! J'accepte avec grand plaisir votre invitation pour un savourer un cubain avant le digestif. Peut-être devrions-nous quitter la salle à manger quelques instants pour éviter d'emboucanner ces mesdames. Je vous ferai goûter d'ailleurs mon tabac Old Virginia Blend, un parfum de ceriseraie! Et vous me parlerai de cette cleptomanie d'ustensiles dont on vous accuse !

Eh bien. Eh bien. M Le Paon, mes affaires sont plutôt bonnes. Grâce au ciel.
(Le colonel Maille se racle la gorge et toussote un peu.)

Il va sans dire que Lemoyne-Allaire est un personnage bien intéressant. Oui, intéressant... Je l'ai connu grâce au curé de ma paroisse. Bien sûr.
(Il regarde la nappe, l'air désabusé.)

Olivier, il semble bien que vous ayez du flair: au delà de la moutarde, il y a la guerre qui peut nous aider à réfléchir et à faire le bien et, partir en Irak vous sera certainement profitable à tous les niveaux. C'est cela.

Mais, madame Blanche, entre deux conversations, auriez-vous l'obligeance d'apporter un peu d'eau à cette table. Il n'est pas très respectable de répondre aux invités de la sorte, je vous le signale sous toute réserve.
(Il se racle la gorge de nouveau, son visage rougi tranquillement.)

LePaon sursautait à chaque raclement de gorge du colonel. Il se gratta derrière l'oreille tout en lançant un regard à la dérobée en direction de la bonne.

Les yeux ayant du mal à s'arracher de la soubrette, LePaon répéta d'un ton presque machinal

Venez M. Olivier, allons goûter ces communistes havanais

Il fit un geste en direction de la porte avec un sourire indéfinissable.

Monsieur Le Paon serais-je votre nouvelle muse? demanda-t-elle d'un air amusé

Vous avez tout à fait raison Colonnel et je vous prie à tous d'accepter mes excuses, je tenterai dorénavant de garder ma place et d'être polie dit-elle en rougissant et en baissant les yeux

M. Olivier se cogne la tête en se relevant suite à sa recherche des ustensiles sous la table

Mme Scarlette, si je joue avec mes ustensiles Il se frotte la tête c'est que j'ai déjà été membre de groupe de garage, et je jouais de la batterie. C'est une habitude que j'ai encore, même après plusieurs années.

Mme Blanche, hummmm, je confirme, je ne le trouve plus moi-même..... Mais où sont-ils rendu? Il se gratte la tête en regardant encore par terre

Colonel, peut-être avez-vous de bons contacts à me suggérer dans ce coin de pays qu'est l'Irak?

Bien sûr M. LePaon, allons fumer un bon cubain à l'extérieur, mais avant, je vais aller me passer un peu d'eau froide sur la tête Il se toucha encore la tête, et certainement, je vous parlerai de mes exploits de ma jeunesse. Il se leva et se dirigea vers la salle d'eau

Très bien Blanche.. Très bien.

Le Colonel regarda Olivier sortir, l'air surpris. Il se racla la gorge de nouveau.

Celui-là me pose une question et il s'en va! Mais où est donc passé l'étiquette à table ce soir?

Il s'essuie le front avec son mouchoir en coton pur portant ses initiales finement brodée à la main.

Mesdames, dit-il la barbichette tremblotante, vous me voyez dans l'obligation de vous laisser seules quelques instants. Je dois absolument boire quelque chose pour faire passer cette toux. Une vilaine grippe, j'en ai bien peur. Oui, une vilaine grippe.

Le colonel se leva de table. Ce mouvement laissa entrevoir le bouchon d'une bouteille d'alcool fort insérée dans la poche intérieure de son veston. Il se dirigea difficilement vers la cuisine.

Pas de souci M. Olivier je vais vous chercher des ustensiles, je reviens.

Scarlette continue de regarder M. Olivier tambouriner ses ustentiles et cela est évident que ça l'agace au plus haut point.
Bon bien moi je dois aller me repoudrez le nez pour être à mon meilleur.
Scarlette pris son gros sac à main rempli à rebord et se dirigea vers la salle de bain.